Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/254

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Et toi, centre et lieu des choses, toi, l’Être, tu tarirais ! Les sérénités absolues pourraient, à de certains moments, être inquiètes du manque de moyens de l’infini ! Les lumières dont une humanité a besoin, il viendrait une heure où tu ne pourrais plus les lui fournir ! Mécaniquement infatigable, tu pourrais être à bout de forces dans l’ordre intellectuel et moral ! On pourrait dire : Dieu est éteint de ce côté-là ! Non ! non ! non ! ô Père !

Phidias fait ne t’empêche pas de faire Michel-Ange. Michel-Ange créé, il te reste de quoi produire Rembrandt. Un Dante ne te fatigue pas. Tu n’es pas plus épuisé par un Homère que par un astre. Les aurores à côté des aurores, le renouvellement indéfini des météores, les mondes par-dessus les mondes, le passage prodigieux de ces étoiles incendiées qu’on appelle comètes, les génies, et puis les génies, Orphée, puis Moïse, puis Isaïe, puis Eschyle, puis Lucrèce, puis Tacite, puis Juvénal, puis Cervantes et Rabelais, puis Shakespeare, puis Molière, puis Voltaire, ceux qui sont venus et ceux qui viendront, cela ne te gêne pas. Pêle-mêle de constellations. Il y a de la place dans ton immensité.