Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/328

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rebondit d’un crime sur l’autre, toujours plus bas. Il subit la lugubre gravitation de la matière envahissant l’âme. Il est une chose qui détruit. Il est pierre de, ruine, flamme de guerre, bête de proie, fléau. Il promène par toute l’Ecosse, en roi qu’il est, ses kernes aux jambes nues et ses gallowglasses pesamment armés, égorgeant, pillant, massacrant. Il décime les thanes, il tue Banquo, il tue tous les Macduff, excepté celui qui le tuera, il tue la noblesse, il tue le peuple, il tue la patrie, il tue « le sommeil ». Enfin la catastrophe arrive, la forêt de Birnam se met en marche ; Macbeth a tout enfreint, tout franchi, tout violé, tout brisé, et cette outrance finit par gagner la nature elle-même ; la nature perd patience, la nature entre en action contre Macbeth ; la nature devient âme contre l’homme qui est devenu force."

Ce drame a les proportions épiques. Macbeth représente cet effrayant affamé qui rôde dans toute l’histoire, appelé brigand dans la forêt et sur le trône conquérant. L’aïeul de Macbeth, c’est Nemrod. Ces hommes de force sont-ils à jamais forcenés ? Soyons justes, non. Ils ont un but. Après quoi, ils s’arrêteront. Donnez à Alexandre, à Cyrus, à Sésostris, à César, quoi ? le monde ; ils apaiseront. Geoffroy Saint-Hilaire me disait un jour : Quand le lion a mangé, il est en