Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/379

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Le quandoque bonus dormitat est permis à Horace. Nous le voulons bien. Ce qui est certain, c’est qu’Homère ne le dirait pas d’Horace. Il n’en prendrait pas la peine. Cet aigle trouverait charmant ce colibri jaseur. Je conviens qu’il est doux à un homme de se sentir supérieur et de dire : Homère est puéril, Dante est enfantin. C’est un joli sourire à avoir. Écraser un peu ces pauvres génies, pourquoi pas ? Être l’abbé Trublet et dire : Milton est un écolier ; c’est agréable. Qu’il a d’esprit celui qui trouve que Shakespeare n’a pas d’esprit ! Il s’appelle La Harpe, il s’appelle Delandine, il s’appelle Auger ; il est, fut ou sera de l’Académie. Tous ces grands hommes sont pleins d’extravagance, de mauvais goût et d’enfantillage. Quel beau décret à rendre ! Ces façons-là chatouillent voluptueusement ceux qui les ont ; et, en effet, quand on a dit : Ce géant est petit, on peut se figurer qu’on est grand. Chacun a sa manière. Quant à moi, qui parle ici, j’admire tout, comme une brute.

C’est pourquoi j’ai écrit ce livre.

Admirer. Etre enthousiaste. Il m’a paru que dans notre siècle cet exemple de bêtise était bon à donner.