Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/398

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Oreb, comme Thucydide en Thrace, comme Isaïe à Asiongaber ! sacrifie à la canaille. Sacrifie-lui ton or, et ton sang qui est plus que ton or, et ta pensée qui est plus que ton sang, et ton amour qui est plus que ta pensée ; sacrifie-lui tout, excepté la justice. Reçois sa plainte ; écoute-la sur ses fautes et sur les fautes d’autrui. Écoute ce qu’elle a à t’avouer et à te dénoncer. Tends-lui l’oreille, la main, les bras, le cœur. Fais tout pour elle, hormis le mal. Hélas ! elle souffre tant, et elle ne sait rien. Corrige-la, avertis-la, instruis-la, guide-la, élève-la. Mets-la à l’école de l’honnête. Fais-lui épeler la vérité, montre-lui la raison, cet alphabet, apprends-lui à lire la vertu, la probité, la générosité, la clémence. Tiens ton livre tout grand ouvert. Sois là, attentif, vigilant, bon, fidèle, humble. Allume les cerveaux, enflamme les âmes, éteins les égoïsmes, donne l’exemple. Les pauvres sont la privation ; soit l’abnégation. Enseigne ! rayonne ! ils ont besoin de toi, tu es leur grande soif. Apprendre est le premier pas, vivre n’est que le second. Sois à leurs ordres, entends-tu ? Sois toujours là, clarté ! Car il est beau, sur cette terre sombre, pendant cette vie obscure, court passage à autre chose, il est beau que la force ait un maître, le droit, que le progrès ait un chef, le courage, que l’intelligence ait un souverain, l’honneur, que la