Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/423

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œuvres maintient les poëtes au sommet de l’enseignement.

Nul ne peut prévoir la quantité de lumière qui se dégagera de la mise en communication du peuple avec les génies. Cette combinaison du cœur du peuple avec le cœur du poëte sera la pile de Volta de la civilisation.

Ce magnifique enseignement, le peuple le comprendra-t-il ? Certes. Nous ne connaissons rien de trop haut pour le peuple. C’est une grande âme. Êtes-vous jamais allé un jour de fête à un spectacle gratis ? Que dites-vous de cet auditoire ? En connaissez-vous un qui soit plus spontané et plus intelligent ? Connaissez-vous, même dans la forêt, une vibration plus profonde ? La cour de Versailles admire comme un régiment fait l’exercice ; le peuple, lui, se rue dans le beau éperdument. Il s’entasse, se presse, s’amalgame, se combine, se pétrit dans le théâtre ; pâte vivante que le poëte va modeler. Le pouce puissant de Molière s’y imprimera tout à l’heure ; l’ongle de Corneille griffera ce monceau informe. D’où cela vient-il ? D’où cela sort-il ? De la Courtille, des Porcherons, de la Cunette, c’est pieds nus, c’est bras nus, c’est en haillons. Silence. Ceci est le bloc humain.

La salle est comble, la vaste multitude regarde, écoute, aime, toutes les consciences