Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/433

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tout doit être action commune. Les forces isolées s’annulent, l’idéal et le réel sont solidaires. L’art doit aider la science. Ces deux roues du progrès doivent tourner ensemble.

Génération des talents nouveaux, noble groupe d’écrivains et de poètes, légion des jeunes, ô avenir vivant de mon pays ! vos aînés vous aiment et vous saluent. Courage ! dévouons-nous. Dévouons-nous au bien, au vrai, au juste. Cela est bon.

Quelques purs amants de l’art, émus d’une préoccupation qui du reste a sa dignité et sa noblesse, écartent cette formule, l’art pour le progrès, le Beau Utile, craignant que l’utile ne déforme le beau. Ils tremblent de voir les bras de la muse se terminer en mains de servante. Selon eux, l’idéal peut gauchir dans trop de contact avec la réalité. Ils sont inquiets pour le sublime s’il descend jusqu’à l’humanité. Ah ! ils se trompent.

L’utile, loin de circonscrire le sublime, le grandit. L’application du sublime aux choses humaines produit des chefs-d’œuvre inattendus. L’utile, considéré en lui-même et comme élément à combiner avec le sublime, est de plusieurs sortes ; il y a de l’utile qui est tendre, et il y a de l’utile qui est indigné. Tendre, il désaltère les malheureux et crée l’épopée sociale ;