Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/457

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

songe au persécuté presque proscrit, et je sens bien qu’il s’est laissé aller à la tentation d’affirmer, uniquement pour me donner la démangeaison de contester. Mais quand c’est un poëte qui parle, un poëte en pleine liberté, riche, heureux, prospère jusqu’à être inviolable, on s’attend à un enseignement net, franc, salubre ; on ne peut croire qu’il puisse venir d’un tel homme quoi que ce soit qui ressemble à une désertion de la conscience ; et c’est avec la rougeur au front qu’on lit ceci : « Ici-bas, en temps de paix, que chacun balaye devant sa porte. « En guerre, si l’on est vaincu, que l’on s’accommode avec la troupe. » — .... — « Que l’on mette en croix chaque enthousiaste à sa trentième année. S’il connaît le monde une fois, de dupe il devient fripon. » — .... — « La sainte liberté de la presse, quelle utilité, quels fruits, quel avantage vous offre-t-elle ? Vous en avez la démonstration certaine : un profond mépris de l’opinion publique. » — .... — « Il est des gens qui ont la manie de fronder tout ce qui est grand : ce sont ceux-là qui se sont attaqués à la Sainte-Alliance ; et pourtant rien n’a été imaginé de plus auguste et de plus salutaire à l’humanité. » — Ces choses, diminuantes pour celui qui les a écrites, sont signées Gœthe. Goethe,