Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/554

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Un roi a le lendemain. Il est solvable. Un héros peut mal finir, cela s’est vu. Alors ce n’est plus qu’un usurpateur. Devant cette histoire, le génie lui-même, fût-il la plus haute expression de la force servie par l’intelligence, est tenu au succès continu. S’il bronche, le ridicule ; s’il tombe, l’insulte. Après Marengo, vous êtes héros de l’Europe, homme providentiel, oint du Seigneur ; après Austerlitz, Napoléon le Grand ; après Waterloo, ogre de Corse. Le pape a oint un ogre.

Pourtant, impartial, et en considération des services rendus, Loriquet vous fait marquis.

L’homme de nos jours qui a le mieux exécuté cette gamme surprenante de Héros de l’Europe à Ogre de Corse, c’est Fontanes, choisi pendant tant d’années pour cultiver, développer et diriger le sens moral de la jeunesse.

La légitimité, le droit divin, la négation du suffrage universel, le trône fief, les peuples majorât, dérivent de cette histoire. Le bourreau en est. Joseph de Maistre l’ajoute, divinement, au roi. En Angleterre, ce genre d’histoire s’appelle l’histoire « loyale ». L’aristocratie anglaise, qui a parfois de ces bonnes idées-là, a imaginé de donner à une opinion politique le nom d’une vertu. Instnimentum regni. En Angleterre, être royaliste, c’est être loyal. Un démocrate est déloyal. C’est une variété du malhonnête homme.