de moins haute taille qu’Ajax fils de Télamon. Homère est un des génies qui résolvent ce beau problème de l’art, le plus beau de tous peut-être, la peinture vraie de l’humanité obtenue par le grandissement de l’homme, c’est-à-dire la génération du réel dans l’idéal. Fable et histoire, hypothèse et tradition, chimère et science, composent Homère. Il est sans fond, et il est riant. Toutes les profondeurs des vieux âges se meuvent, radieusement éclairées, dans le vaste azur de cet esprit. Lycurgue, ce sage hargneux, mi-parti de Solon et de Dracon, était vaincu par Homère. Il se détournait de sa route, en voyage, pour aller feuilleter, dans la maison de Cléophile, les poëmes d’Homère, déposés là en souvenir de l’hospitalité qu’Homère, disait-on, avait reçue jadis dans cette maison. Homère, pour les grecs, était dieu ; il avait des prêtres, les Homérides. Un rhéteur s’étant vanté de ne jamais lire Homère, Alcibiade donna à cet homme un soumet. La divinité d’Homère a survécu au paganisme. Michel-Ange disait : Quand je lis Homère, je me regarde pour voir si je n ’ai pas vingt pieds de haut. Une tradition veut que le premier vers de l’Iliade soit un vers d’Orphée, ce qui, doublant Homère d’Orphée, augmentait en Grèce la religion d’Homère. Le bouclier d’Achille, chant XVIII de l’Iliade, était commenté dans les temples par
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