Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/79

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il avait évidemment vu ce qu’il racontait. De là son autorité. Ses énigmes mêmes le faisaient oracle. On ne savait ce que c’était que « ces femmes assises du côté de l’Aquilon qui pleuraient Thammus. » Impossible de deviner ce que c’est que le « hasmal », ce métal qu’il montre en fusion dans la fournaise du rêve. Mais rien de plus net que sa vision du progrès. Ézéchiel voit l’homme quadruple : homme, bœuf, lion et aigle ; c’est-à-dire, maître de la pensée, maître du champ, maître du désert, maître de l’air. Rien d’oublié ; c’est l’avenir entier, d’Aristote à Christophe Colomb, de Triptolème à Montgolfier. Plus tard l’Évangile aussi se fera quadruple dans les quatre évangélistes, subordonnera Matthieu, Luc, Marc et Jean à l’homme, au bœuf, au lion et à l’aigle, et, chose surprenante, pour symboliser le progrès, prendra les quatre faces d’Ézéchiel. Au surplus, Ézéchiel, comme Christ, s’appelle Fils de l’Homme. Jésus souvent dans ses paraboles évoque et indique Ézéchiel, et cette espèce de premier messie fait jurisprudence pour le second. Il y a dans Ézéchiel trois constructions : l’homme, dans lequel il met le progrès ; le temple, où il met une lumière qu’il appelle gloire ; la cité, où il met Dieu. Il crie au temple : « Pas de prêtres ici, ni eux, ni leurs rois, ni les carcasses de leurs rois. » (Ch. XLIII, v. 7.) On