Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/89

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l’achève. Il dit : Je suis sauvé, et meurt. Après sa mort, on vient voir son cadavre ; de son vivant, on avait vu son fantôme. Néron est la plus formidable figure de l’ennui qui ait jamais paru parmi les hommes. Le monstre bâillant que les anciens appelaient Livor et que les modernes appellent Spleen nous donne à deviner cette énigme : Néron. Néron cherche tout simplement une distraction. Poëte, comédien, chanteur, cocher, épuisant la férocité pour trouver la volupté, essayant le changement de sexe, époux de l’eunuque Sporus et épouse de l’esclave Pythagore, et se promenant dans les rues de Rome entre sa femme et son mari ; ayant deux plaisirs : voir lé peuple se jeter sur les pièces d’or, les diamants et les perles, et voir les lions se jeter sur le peuple ; incendiaire par curiosité et parricide par désœuvrement. C’est à ces quatre-là que Tacite dédie ses quatre premiers poteaux. Il leur accroche leur règne au cou. Il leur met ce carcan. Son livre de Caligula s’est perdu. Rien de plus aisé à comprendre que la perte et l’oblitération de ces sortes de livres. Les lire était un crime. Un homme ayant été surpris lisant l’histoire de Caligula par Suétone, Commode fit jeter cet homme aux bêtes. Feris objici jussit, dit Lampride. L’horreur de ces temps est prodigieuse. Toutes les mœurs, en bas comme