Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIII.djvu/99

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I Lorsque ma main frémit

Lorsque ma main frémit si la tienne l'effleure,
Quand tu me vois pâlir, femme aux cheveux dorés,
Comme le premier jour, comme la première heure,
Rien qu'en touchant ta robe et ses plis adorés;
Quand tu vois, que les mots me manquent pour te dire
Tout ce dont tu remplis mon sein tumultueux;
Lorsqu'en me regardant tu sens que ton sourire
M'enivre par degrés et fait briller mes yeux;
Quand ma voix, sous le feu de ta douce prunelle,
Tremble en ma bouche émue, impuissante à parler,
Comme un craintif oiseau, tout à coup pris par l'aile,
Qui frissonne éperdu, sans pouvoir s'envoler;
Ô bel ange créé pour des sphères meilleures,
Dis, après tant de deuils, de désespoirs, d'ennuis,
Et tant d'amers chagrins et tant de tristes heures
Qui souvent font tes jours plus mornes que des nuits;
Oh, dis! ne sens-tu pas se lever dans ton âme
L'amour vrai, l'amour pur, adorable lueur,
L'amour, flambeau de l'homme, étoile de la femme,
Mystérieux soleil du monde intérieur!
Ne sens-tu point, dis-moi, passer sur ta paupière
Le souffle du matin, des ténèbres vainqueur?
Ne vient-il.pas des voix tout bas te dire:espère!
N'entends-tu pas un chant dans l'ombre de ton coeur?