Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome VI.djvu/318

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296 MILLE FRANCS DE RÉCOMPENSE.

M. BARUTIN.

En ce cas, veux-tu que je joue pour toi ? M. DE PONTRESME.

Non, tu as trop de guignon. Tu gagnerais encore. Je suis dans une mauvaise veine ce soir, la fatalité y met de l’acharnement. Je ne sais pas ce que j’ai, je suis nommé magistrat, je gagne au jeu. Qu’est-ce que cela veut dire. ? tiens, Barutin, j’ai là une fille ravissante, je lui fais énergiquement la cour, gageons que j’échoue.

M. BARUTIN,

Toi échouer ! impossible. Surtout avec ton faux nez. M. DE PONTRESME.

Je l’ôterai. Je ne veux rien devoir à l’art. M. BARUTIN.

Je retourne à ma chance.

Il rentre au tripot. M. de Pontresme revient à Cyprienne. M. DE PONTRESME.

Mademoiselle, ce n’est pas pour insinuer que je vous donne l’exemple, mais je retire mon voile.

Il porte la main à son faux nez et le soulève. — Cvprienne se tait et demeure immobile.

Je dis donc que je le retire.

Se ravisant.

Au fait non. Restons nocturne. Autant ne point courir le risque d’être reconnu plus tard par l’objet momentané de mes amours. Maintenons l’appendice. Gardons l’anonyme.

Il replace et consolide son faux nez. Depuis quelques instants Glapieu est rentré. Il a fait quelques pas du côté de l’affiche, l’a regardée en passant, puis s’est arrêté derrière l’angle du Bal des Neuf Muses, caché par l’obscurité. Il tourne le dos au quai et au tripot.