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1830
PREMIÈRE ÉDITION


Shakespeare, par la bouche d’Hamlet, donne aux comédiens des conseils qui prouvent que le grand poëte était aussi un grand comédien. Molière, comédien comme Shakespeare, et non moins admirable poëte, indique en maint endroit de quelle façon il comprend que ses pièces soient jouées. Beaumarchais, qui n’est pas indigne d’être cité après de si grands noms, se complaît également à ces détails minutieux qui guident et conseillent l’acteur dans la manière de composer un rôle. Ces exemples, donnés par les maîtres de l’art, nous paraissent bons à suivre, et nous croyons que rien n’est plus utile à l’acteur que les explications, bonnes ou mauvaises, vraies ou fausses, du poëte. C’était l’avis de Talma, c’est le nôtre. Pour nous, si nous avions un avis à offrir aux acteurs qui pourraient être appelés à jouer les principaux rôles de cette pièce, nous leur conseillerions de bien marquer dans Hernani l’âpreté sauvage du montagnard mêlée à la fierté native du grand d’Espagne ; dans le don Carlos des trois premiers actes, la gaîté, l’insouciance, l’esprit d’aventure et de plaisir, et qu’à travers tout cela, à la fermeté, à la hauteur, à je ne sais quoi de prudent dans l’audace, on distingue déjà en germe le Charles-Quint du quatrième acte ; enfin, dans le don Ruy Gomez, la dignité, la passion mélancolique et profonde, le respect des aïeux, de l’hospitalité et des serments, en un mot, un vieillard homérique selon le moyen âge. Au