Page:Hugo Rhin Hetzel tome 2.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui sert aujourd’hui, je crois, aux séances du haut-sénat de la ville de Francfort. C’est là que les électeurs ou leurs délégués déclaraient entre eux l’empereur roi des romains. Sur un fauteuil entre les deux fenêtres Parchevêque de Mayence présidait. Puis venaient par ordre, assis autour d’une immense table couverte en cuir fauve, chacun au-dessous de son blason peint au plafond, à la droite de l’archevêque de Mayence, Trêves, Bohême et Saxe ; à sa gauche, Cologne, le Palatinat, Brandebourg ; en face de lui. Brunswick et Bavière. Le passant éprouve l’impression que produisent les choses simples qui contiennent de grandes choses, lorsqu’il voit et qu’il touche le cuir roux et poudreux de cette table où l’on faisait l’empereur d’Allemagne. Du reste, à part la table qu’on a transportée dans une salle voisine, la Salle des Electeurs est aujourd’hui dans l’état où elle était au dix-septième siècle. Les neuf blasons au plafond encadrant une mauvaise fresque, une tenture de damas rouge, des appliques candélabres en cuivre argenté figurant des Renommées, une grande glace à baguettes contournées, en face de laquelle on a mis pour pendant, au siècle dernier, un portrait en pied de Joseph II ; au-dessus de la porte, en trumeau, un portrait de ce dernier des petits-fils de Charlemagne, qui mourut en 910 au moment de régner et que les allemands appellent l’Enfant. Rien de plus. — L’ensemble est austère, sérieux, tranquille, et fait plus songer que regarder.

Après la Salle des Électeurs, j’ai vu la Salle des Empereurs.

Au quatorzième siècle, les marchands lombards qui ont laissé leur nom au Rœmer et qui y tenaient boutique eurent idée de faire entourer la grande salle de niches afin d’y étaler leurs marchandises. Un architecte, dont le nom s’est perdu, mesura le pourtour de la salle et y construisit quarante-cinq niches. En 1564, Maximilien II fut élu à Francfort et montré au peuple du balcon de cette salle qui, à partir de Maximilien II, s’appela le Kaisersaal et servit à la proclamation des empereurs. On songea alors à la décorer, et la première pensée qui vint, ce fut d’installer dans les niches développées autour de la halle impériale les ’ portraits de tous les césars allemands élus