Page:Hugo Rhin Hetzel tome 2.djvu/66

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— Maintenant, monseigneur, ajouta l’esclave en le quittant, prenez garde à ceci : tant que vous aurez cette turquoise à votre cou, vous ne vieillirez pas d’un jour ; si vous la perdez, vous vieillirez en une minute de toutes les années que vous aurez laissées derrière vous. Adieu, beau giaour ! — Cela dit, la négresse s’en alla. Cependant le calife avait vu l’esclave de la sultane accoster le chevalier chrétien. Ce calife était fort jaloux et un peu magicien. Il convia Pécopin à une fête, et, la nuit venue, il conduisit le chevalier sur une haute tour. Pécopin, sans y prendre garde, s’était avancé fort près du parapet, qui était très bas, et le calife lui parla ainsi : — Chevalier, le comte palatin t’a envoyé au duc de Bourgogne à cause de ta noble renommée, le duc de Bourgogne t’a envoyé au roi de France à cause de ta grande race, le roi de France t’a envoyé au miramolin de Grenade à cause de ton bel esprit, le miramolin de Grenade t’a envoyé au calife de Bagdad à cause de ta bonne mine ; moi, à cause de ta noble renommée, de ta grande race, de ton bel esprit et de ta bonne mine, je t’envoie au diable. — En prononçant ce dernier mot, le calife poussa violemment Pécopin, qui perdit l’équilibre et tomba du haut de la tour.