Page:Hugo Rhin Hetzel tome 2.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée





Il erra long-temps dans les pays. Dire tous les voyages qu’il fit, ce serait raconter le monde. Il marcha pieds nus et en sandales ; il monta toutes les montures, l’âne, le cheval, le mulet, le chameau, le zèbre, l’onagre et l’éléphant. Il subit toutes les navigations et tous les navires, les vaisseaux ronds de l’Océan et les vaisseaux longs de la Méditerranée, oneraria et remigia, galère et galion, frégate et frégaton, felouque, polaque et tartane, barque, barquette et barquerolle. Il se risqua sur les caracores de bois des Indiens de Bantan et sur les chaloupes de cuir de l’Euphrate dont a parlé Hérodote. Il fut battu de tous les vents, du levante-sirocco et du sirocco-mezzogiorno, de la tramontane et de la galerne. Il traversa la Perse, le Pégu, Bramaz, Tagatai, Transiane, Sagistan, l’Hasubi. Il vit le Monomotapa comme Vincent-le-Blanc, Sofala comme Pedro Ordonez, Ormus comme le sieur de Fines, les sauvages comme Acosta, et les géants comme Malherbe de Vitré. Il perdit dans le désert quatre doigts du pied, comme Jérôme Costilla. Il se vit dix-sept fois vendu comme Mendez-Pinto, fut forçat comme Texeus, et faillit être eunuque comme Parisol. Il eut le mal des pyans, dont périssent les nègres ; le scorbut, qui épouvantait Avicenne ; et le mal de mer, auquel Cicéron préféra la mort. Il gravit des montagnes si hautes qu’arrivé au sommet il vomissait le sang, les flegmes et la colère. Il aborda l’île qu’on rencontre