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Page:Hugo Rhin Hetzel tome 2.djvu/86

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— Quand notre nuit de chasse sera finie, au soleil levant je te déposerai à la porte du Falkenburg.

— Chasser la nuit ?

— Pourquoi pas ?

— Mais c’est fort étrange.

— Bah !

— Mais c’est très fatigant.

— Non.

— Mais vous êtes bien vieux.

— Ne t’inquiète pas de moi.

— Mais je suis las, mais j’ai marché tout le jour, mais je suis mort de faim et de soif, dit Pécopin. Je ne pourrai seulement monter à cheval,

Le vieux seigneur détacha de sa ceinture une gourde damasquinée d’argent qui1 lui présenta.

— Bois ceci.

Pécopin porta avidement la gourde à ses lèvres. À peine avait-il avalé quelques gorgées qu’il se sentit ranimé. Il était jeune, fort, alerte, puissant. Il avait dormi, il avait mangé, il avait bu. — Il lui semblait même par instants qu’il avait trop bu. — Allons, dit-il, marchons, courons, chassons toute la nuit, je le veux bien ; mais je reverrai Bauldour ?

— Après cette nuit passée, au soleil levant.

— Et quel garant de votre promesse me donnez-vous ?

— Ma présence même. Le secours que je t’apporte. J’aurais pu te laisser mourir ici de faim, de lassitude et de misère, t’abandonner au nain promeneur du lac Roulon ; mais j’ai eu pitié de toi.

— Je vous suis, dit Pécopin. C’est dit, au soleil levant, à Falkenburg.

— Holà, vous autres ! arrivez ! en chasse ! cria le vieux seigneur, faisant effort avec sa voix décrépite.

En jetant ce cri vers le taillis, il se retourna, et Pécopin vit qu’il était bossu. Puis il fit quelques pas, et Pécopin vit qu’il était boiteux.

À l’appel du vieux seigneur, une troupe de cavaliers vêtus comme des princes et montés comme des rois, sortit de l’épaisseur du bois.

Ils vinrent se ranger dans un profond silence autour du