Il pleut. — Description d’une chambre. — Reflet du dehors dans
l’intérieur. — Le voyageur prend le parti de fouiller dans les
armoires. — Ce qu’il y trouve. — Amours secrètes et Aventures
honteuses de Napoléon Buonaparté. ~ Le livre. — Les estampes.
— 1814. — 1810. — Choses curieuses. — Choses sérieuses. —
Il pleut.
Septembre.
J’ai quitté l’hôtel de l’Epée. Je suis venu me loger dans la ville, n’importe où. Je n’ai plus la mauvaise auberge, mais je n’ai plus la vue du lac. Il y a des moments où je regrette en bloc le méchant dîner et le magnifique paysage.
Avant-hier, c’était un de ces moments-là. Il pleuvait. J’étais enfermé dans la chambre que j’habite ; ― une petite chambre triste et froide, ornée d’un lit peint en gris à rideaux blancs, de chaises à dossier en lyre, et d’un papier bleuâtre bariolé de ces dessins sans goût et sans style qu’on retrouve indistinctement sur les robes des femmes mal mises et sur les murs des chambres mal meublées. J’avais ouvert la fenêtre, qui est une de ces hideuses fenêtres d’il y a cinquante ans qu’on appelait fenêtres-guillotines, et je regardais mélancoliquement la pluie tomber. La rue était déserte ; toutes les croisées de la maison d’en face étaient fermées ; pas un profil aux vitres, pas un passant sur ce pavage de petits cailloux ronds et noirs que la pluie