survécu, elle s’est agrandie. De treize Cantons elle est montée à vingt-deux. Disons-le en passant, ― car, si nous insistons sur les causes morales, nous ne voulons pas omettre les causes physiques, ― toutes les républiques qui ont disparu étaient dans la plaine ou sur la mer ; la seule qui soit restée était dans la montagne. Les montagnes conservent les républiques. Depuis cinq siècles, en dépit des assauts et des ligues, il y a trois républiques montagnardes dans l’ancien continent : une en Europe, la Suisse, qui tient les Alpes ; une en Afrique, l’Abyssinie [1], qui tient les montagnes de la lune ; une en Asie, la Circassie, qui tient le Caucase.
Si, après l’Europe, nous examinons la confédération germanique, ce microcosme de l’Europe, voici ce qui apparaît : à part la Prusse et l’Autriche, qui comptent parmi les grandes monarchies indépendantes, les six principaux états de la confédération germanique sont : la Bavière, le Wurtemberg, la Saxe, le Hanovre, la Hesse et Bade. De ces six états, les quatre premiers étaient des duchés, ce sont aujourd’hui des royaumes ; les deux derniers étaient, la Hesse un landgraviat et Bade un margraviat, ce sont aujourd’hui des grands-duchés.
Quant aux états électifs et viagers du corps germanique, ils étaient nombreux et comprenaient une foule de principautés ecclésiastiques ; tous ont cessé d’exister ; à leur tête se sont éclipsés pour jamais les trois grands électorats archiépiscopaux du Rhin. Si nous passons aux états populaires, nous trouvons ceci : il y avait en Allemagne soixante-dix villes libres ; il n’y en a plus que quatre, Francfort-Sur-Le-Mein, Hambourg, Lubeck et Brême.
Et qu’on le remarque bien, pour faire ce rapprochement nous ne nous sommes pas mis dans les conditions les plus favorables à ce que nous voulions démontrer ; car, si au lieu de 1630 nous avions choisi 1650, par exemple, nous aurions pu retrancher aux états monarchiques et ajouter aux états démocratiques du dix-septième siècle la république
- ↑ Les Abyssins repoussent comme injurieux le nom d'Abyssins. Ils s’appellent Agassiens, ce qui signifie libres.