sous les herbes et les mousses. Il me semblait voir sur le pavé quelques sculptures frustes mêlées à des décombres, et parmi ces décombres un gros bloc arrondi, grossièrement évasé, percé à son milieu d’un petit trou carré, qui pouvait être un autel celtique ou un chapiteau du sixième siècle.
Du reste, aucun degré pour descendre dans l’excavation.
Ce n’était peut-être qu’une simple citerne, mais je vous assure que l’heure, le lieu, la lune, les ronces et les choses confuses entrevues au fond, donnaient je ne sais quoi de formidable et de sauvage à cette mystérieuse chambre sans escalier, enfoncée dans la terre, avec le ciel pour plafond.
Qu’était-ce que cette fosse singulière ? Vous me connaissez, je m’obstine, je cherche, je veux en savoir sur cette cave plus que la lune et le désert ne m’en disent ; j’écarte les ronces avec ma canne, je m’accroche à des sarments que je prends à poignées, et je me penche sur cette ombre. En ce moment-là, j’entends une voix grave et cassée prononcer distinctement derrière moi ce mot : Heidenloch.
Dans le peu d’allemand que je sais, je sais ce mot. Il signifie : trou des Païens.
Je me retourne.
Personne dans la bruyère ; le vent qui souffle et la lune qui éclaire. Rien de plus.
Seulement, il me semble qu’il y a là, du côté de la forêt, à une trentaine de pas, entre la lune et moi, une masse d’ombre, une haute broussaille que je n’ai pas encore remarquée.
Je crois m’être trompé, et que, comme tous ceux qui se promènent dans les solitudes, je deviens un peu visionnaire, et je me remets à explorer le bord de la fosse.
Ici la voix s’élève une seconde fois, et j’entends de nouveau derrière moi les trois syllabes étranges : Heidenloch.
Pour le coup, je me retourne vivement, et, à mon tour, je dis à voix haute : Qui est là ?
En cet instant, je crois remarquer, non sans quelque