aujourd’hui ; le premier, c’est le chemin de fer ; le second, c’est la langue française.
Tels sont au dix-neuvième siècle, pour tous les peuples en voie de progrès, les deux moyens de communication, c’est-à-dire de civilisation, c’est-à-dire de paix. On va en wagon et l’on parle français.
Le chemin de fer règne par la toute-puissance de sa rapidité ; la langue française, par sa clarté, ce qui est la rapidité d’une langue, et par la suprématie séculaire de sa littérature.
Détail remarquable, qui sera presque incroyable pour l’avenir, et qu’il est impossible de ne pas signaler en passant : de tous les peuples et de tous les gouvernements qui se servent aujourd’hui de ces deux admirables moyens de communication et d’échange, le gouvernement de la France est celui qui paraît s’être le moins rendu compte de leur efficacité. À l’heure où nous parlons, la France a à peine quelques lieues de chemin de fer. En 1837, on a donné un petit railway comme un joujou à ce grand enfant qui se nomme Paris ; et pendant quatre ans on s’en est tenu là. Quant à la langue française, quant à la littérature française, elle brille et resplendit pour tous les gouvernements et pour toutes les nations, excepté pour le gouvernement français. La France a eu et la France a encore la première littérature du monde. Aujourd’hui même, nous ne nous lasserons pas de le répéter, notre littérature n’est pas seulement la première ; elle est la seule. Toute pensée qui n’est pas la sienne s’est éteinte ; elle est plus vivante et plus vivace que jamais. Le gouvernement actuel semble l’ignorer, et se conduit en conséquence ; et c’est là, nous le lui disons avec une profonde bienveillance et une sincère sympathie, une des plus grandes fautes qu’il ait commises depuis onze ans. Il est temps qu’il ouvre les yeux ; il est temps qu’il se préoccupe, et qu’il se préoccupe sérieusement, des nouvelles générations, qui sont littéraires aujourd’hui comme elles étaient militaires sous l’empire. Elles arrivent sans colère, parce qu’elles sont pleines de pensées, elles arrivent la lumière à la main ; mais, qu’on y songe, nous l’avons dit tout à l’heure en d’autres termes, ce qui peut éclairer peut aussi incendier. Qu’on les accueille donc