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hâte déclare que c’est la mort inévitable : une question d’heures.

Le prêtre accourt pour l’y préparer. X. depuis nombre d’années faisait ses pâques à la vérité, mais on peut le dire, entre deux ivresses. Voici de quelle manière l’ivrogne reçut une dernière fois l’absolution.

Tout d’abord il ne voulut pas entendre parler de sacrements, ne se rendant pas compte de la gravité de son état.

« Notaire, le temps presse. »

— Mais je ne suis pas en danger.

— Écoutez. Le médecin déclare que vous n’avez plus que pour deux heures…

— Comment, comment, vous me faites trembler…

— Je vous dois la vérité. Vous n’êtes pas un enfant. De grâce, ayez pitié de votre âme, confessez-vous, il n’y a pas une minute à perdre !…

— C’est bon, c’est bon… » et le moribond faisant évacuer la chambre, reste seul avec le prêtre. Or, à peine ouvre-t-il la bouche qu’il tombe dans le coma et s’endort profondément…

« Notaire !… Oui, oui… » et le malheureux se rendort. Ce n’est que de peine et de misère, et en tenant éveillé le moribond par d’incessantes piqûres que le prêtre put le confesser — oh ! combien sommairement ! c’est dans