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À la bouche d’un égout



Toute passion fait de l’homme qui se livre à elle un esclave — esclave qui n’a plus dans l’esprit d’autre pensée, dans le cœur d’autre désir, dans la volonté d’autre énergie que la pensée, le désir et l’énergie sauvage de servir sa passion et de la satisfaire. Il en viendra, l’esclave d’une passion — peu importe laquelle — aux extrémités les plus révoltantes et les plus honteuses pour lui donner sa pâture.

L’ivrogne, moins que les autres, échappe à cette déchéance morale et à cet humiliant oubli de sa dignité d’être humain. Qui n’a par exemple vu de malheureux alcooliques se faire mendiants au profit de leur passion ? Mais lisez ce fait : il en évoquera beaucoup d’autres semblables devant votre mémoire. Il m’a été raconté par un témoin oculaire, et absolument digne de foi.

En 1903, le monastère des Pères Trappistes d’Oka fut incendié. Or ces religieux fabriquent des vins de messe, et lors de l’incendie il y en avait dans une cave un certain nombre