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INTRODUCTION À LA CHIMIE AGRICOLE.

Il est un fait singulier que tous les agriculteurs peuvent avoir remarqué : quand un rameau de la racine rencontre un filon de terrain qui lui convient, soit par l’abondance de nourriture, soit par une plus grande humidité, la racine s’y développe d’une manière extraordinaire, y multiplie ses petites divisions à l’infini, elle y forme enfin ce que l’on a nommé une queue de renard. Quelques auteurs en ont conclu que les racines des plantes avaient une sorte d’instinct pour rechercher le terrain qui leur convient, avaient une tendance vers la bonne terre. C’est là une grande erreur ; la plante n’a pas le sentiment de ce qui lui convient le mieux : ses racines s’étalent au hasard autour de son pivot central ; les divisions qui rencontrent un terrain sec, stérile, y meurent ou y vivent dans un état chétif ; au contraire, celles qui ont la chance de rencontrer un bon filon s’y développent à l’aise, et comme le nombre des organes s’accroît en proportion de la nourriture fournie, les radicelles et les spongioles s’y multiplient à l’infini.

Tout terrain n’est donc pas également propre à l’alimentation de la plante ; tout terrain ne convient pas également à son développement. Il est donc une étude à faire ici pour l’agriculteur, puisque son art a pour but de faire produire à la terre le plus possible.