Il doit sa large diffusion non seulement à la grandeur et à la puissance de l'Empire romain, mais aussi au soin avec lequel sa norme a été maintenue, ainsi qu'à son rapport particulièrement favorable avec la mesure naturelle du pas, sur laquelle reposaient en grande partie les mesures de distance (§8, 7).
5. Les mesures minutieuses de Raper, d'après lesquelles nous avons établi ci-dessus la valeur du pied romain pour la période de la République et le premier siècle du règne impériale, montrent en même temps que ce pied a diminué sous Sévère et Dioclétien d'environ 5 millièmes du pied anglais [1], donc depuis la fin du IIe siècle après JC, il est d'environ 294,2 millimètres.
En dehors de cette diminution insignifiante, le pied romain resta fermement en vigueur jusqu'à des époques bien plus tardives ; il s'est même maintenu après la chute de l'Empire romain d'Occident, tant en Orient [2] que dans les empires occidentaux du Moyen Age, [3] (et ses dernières traces n'ont été effacées que par le nouveau système de mesure français.)
- ↑ Ci-dessus p.92 note 3. Le 0,965 pieds anglais sont selon l'approche de Raper === 130,42 lignes parisiennes === 0,2942 mètre. Cette détermination se trouve dans les Metrol. script. I p.45 et ci-dessous § 51, 1, ainsi que dans une note à la fin de § 53, 7.
- ↑ C'est du moins le point de vue de H. Martin Recherches sur Héron d'Alexandrie p.280, qui indique un passage de Héron de Byzance selon lequel le pied romain était encore en usage dans l'Empire byzantin au Xe siècle.
- ↑ S. Boisserée Histoire et description de la cathédrale de Cologne, 2e édition, Munich 1842, p.114 montre que le pied romain était très courant chez les bâtisseurs du Moyen Âge. En particulier, un plan très ancien de la cathédrale de Cologne est conçu selon un pied de 130 lignes parisiennes === 0,29326 m. En France le pied romain a été conservé jusqu'à la révolution dans l'aune de Paris === 4 pieds romains, et certes le pied romain y apparaît encore une fois dans son ancien montant de 0,2955 m., voire même avec une majoration allant jusqu'à 0,297 m. (cf. infra note à la fin de § 53, 8).
(D'après la hauteur des colonnes) de l'Artémision d'Ephèse, il apparaît que la coudée royale du VIe siècle avant J.-C., d'une part, et le pied romain du Ier siècle après J.-C., d'autre part, se comportaient effectivement comme (16 + 1) : (28 + 2) === 17 : 30. Le rapport était encore différent, à savoir de (16 - 1) : (28 - 1) === 5 : 9, selon le système Philétaire en Asie Mineure et en Egypte (§ 50, 1, 53, 4). D'autres modifications eurent lieu plus tard dans la province d'Egypte (§ 53, 7, 8). Les rapports initiaux du pied romain avec les pieds attique et osque seront présentées plus loin (§ 46, 20) ; ils ont ensuite été modifiés en 24 : 25 et 100 : 93. Par rapport au pied asiatique ou éphésien, plus petit, qui se rapportait à son tour à la coudée royale comme 16 : 25 (§ 46, 20. 50, 3), le pied romain se trouvait à l'origine comme 25 : 28. Plus tard, en faisant correspondre 71/2 stades du pied asiatique à 1 mille romain, le rapport a été modifié à (25 + 2) : ( 28 + 2) === 9 : 10. Mais le pied asiatique avait également migré vers la lointaine Germanie (§ 60), où les Romains l'avaient assimilé à 11/8 pied d'Empire. Le rapport a été modifié en (25 - 1) : (28 - 1) === 8 : 9.
