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et monumens de l’amérique.

cèle une ignorance absolue de l’usage du ciseau et de tout autre outil métallique.

Il résulte de l’ensemble de ces faits, qu’il n’existe aucune preuve certaine de la connaissance d’un alphabet parmi les Américains. Dans des recherches de ce genre, on ne sauroit être assez sur ses gardes pour ne pas confondre ce qui est dû au hasard et aux jeux de l’oisiveté, avec des lettres ou des caractères syllabiques. M. Truter[1] rapporte qu’à l’extrémité méridionale de l’Afrique, chez les Betjuanas, il a vu des enfans occupés à tracer sur un rocher, au moyen d’un instrument tranchant, des caractères qui avoient la plus parfaite ressemblance avec le P et le M de l’alphabet romain, et cependant ces peuples grossiers sont bien éloignés de connaître l’écriture.

Ce manque de lettres observé dans le nouveau continent, lors de sa seconde découverte par Christophe Colomb, conduit à l’idée que les tribus de race tartare ou mongole, que l’on peut supposer être venues de l’Asie orientale en Amérique, ne possédoient pas

  1. Bertuch, Géogr. Ephem., B. XII, s. 67.