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Page:Humboldt - Vues des Cordillères, 1816, tome 1.djvu/253

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vues des cordillères,

Ces allégories rappellent d’antiques traditions de l’Asie. On croit voir, dans la femme au serpent des Aztèques, l’Ève des peuples sémitiques ; dans la couleuvre mise en pièces, le fameux serpent Kaliya ou Kalinaga, vaincu par Vishnu, lorsqu’il a pris la forme de Krischna. Le Tonatiuh des Mexicains paroît aussi être identique avec le Krischna des Hindoux, chanté dans le Bhagavata Pourâna, et avec le Milliras des Perses. Les plus anciennes traditions des peuples remontent à un état de choses où la terre, couverte de marais, étoit habitée par des couleuvres et d’autres animaux à taille gigantesque : l’astre bienfaisant, en desséchant le sol, délivra la terre de ces monstres aquatiques.

Derrière le serpent, qui paroît parler à la déesse Cihuacohuatl, se trouvent deux figures nues ; elles sont de couleur différente, et parois sent dans l’attitude de se battre. On pourroit croire que les deux vases que l’on observe au bas de la peinture, et dont l’un est renversé, font allusion à la cause de cette rixe. La femme au serpent étoit regardée au Mexique comme mère de deux enfans jumeaux : ces figures nues sont peut-être les