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vues des cordillères,

dont le voyageur se sert en traversant les forêts de Quindiu.

Lorsqu’on est arrivé à Ibague, et qu’on se prépare an voyage, on fait couper dans les montagnes voisines plusieurs centaines de feuilles de vijao, plante de la famille des bananiers, qui forme un nouveau genre voisin du Thalia, et qu’il ne faut pas confondre avec l’Heliconia bihai. Ces feuilles, membraneuses et lustrées comme celles du Musa, sont d’une forme ovale, et ont cinquante-quatre centimètres (vingt pouces) de longueur, sur trente-sept centimètres (quatorze pouces) de largeur. Leur surface inférieure est d’un blanc argenté et couverte d’une matière farineuse qui se détache par écailles. C’est ce vernis particulier qui les rend propres à résister long-temps à la pluie. En les ramassant, on fait une incision à la nervure principale, qui est le prolongement du pétiole : cette incision doit servir de crochet pour les suspendre, quand on voudra former le toit mobile ; ensuite on les étend et on les roule avec soin en un paquet cylindrique. Il faut un poids de cinquante kilogrammes de feuilles pour couvrir une cabane dans laquelle