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vues des cordillères,

sans doute à un degré de civilisation supérieur à celui que lui ont assigné Pauw, Raynal, et même Robertson, le plus judicieux des historiens de l’Amérique. Ces auteurs regardent comme barbare tout état de l’homme qui s’éloigne du type de culture qu’ils se sont formé d’après leurs idées systématiques. Nous ne saurions admettre ces distinctions tranchantes en nations barbares et nations civilisées. En examinant dans cet ouvrage, avec une scrupuleuse impartialité, tout ce que nous avons pu découvrir par nous-mêmes sur l’état ancien des peuples indigènes du nouveau continent, nous avons taché de recueillir les traits qui les caractérisent individuellement, et ceux qui paroissent les lier à différens groupes de peuples asiatiques. Il en est des nations entières comme des simples individus ; de même que, dans ces derniers, toutes les facultés de l’âme ne parviennent pas à se développer simultanément ; chez les premiers, les progrès de la civilisation ne se manifestent pas à la fois dans l’adoucissement des mœurs publiques et privées, dans le sentiment des arts, et dans la forme des institutions. Avant de classer les nations, il faut les étudier