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et monumens de l’amérique.

s’appeloit la marche des dieux, teonenemi ; dénomination qui rappeloit aux Mexicains que les dieux quittoient leur ville, et que peut-être ils ne les reverroient plus. Lorsqu’on étoit arrivé à la cime de la montagne porphyrique de Huixachtecatl, on attendoit l’instant où les Pléiades occupoient le milieu du ciel, pour commencer l’épouvantable sacrifice dont nous avons parlé plus haut[1], et qui est représenté Planche xv, no 8. Le cadavre de la victime restoit étendu sur la terre, et l’instrument dont on se servoit pour allumer le feu par frottement ( πυρεἶα chez les Grecs, tletlaxoni chez les Mexicains) étoit placé dans la plaie même que le prêtre de Copulco, armé d’un couteau d’obsidienne avoit faite dans la poitrine du prisonnier destiné au sacrifice. Lorsque les parcelles de bois (la harina del palillo), détachées par le frottement rapide du cylindre, avoient pris feu, on allumoit un énorme bûcher qui avoit été préparé d’avance pour recevoir le corps de la malheureuse victime. Le peuple jetoit des cris de joie ; la lueur du bûcher pouvoit être

  1. Tom. I, p. 254.