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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/100

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Essais.

nemens fussent à d’autres égards, parce que, malgré toutes leurs différences, il leur resteroit encore une espece d’unité.

Mais la liaison la plus usitée dans les récits, c’est celle qui naît des causes & des effets. Avec son secours, l’historien nous trace la suite des actions dans leur ordre naturel, il remonte aux ressorts secrets & aux principes cachés, & en déduit les conséquences les plus éloignées. Ayant pris pour sujet une partie de cette grande chaîne d’événemens qui compose l’histoire de genre humain, sa principale étude doit être de toucher à chaque chaînon ; mais souvent une ignorance invincible s’oppose à tous ses efforts : souvent aussi les conjectures viennent remplir le vuide de ses connoissances, mais il sent bien que son ouvrage est d’autant plus parfait qu’il présente la chaîne plus complette au lecteur. La science des causes est la plus satisfaisante pour l’esprit : elle est fondée sur le rapport le plus solide & le plus étroit de tous ; elle est encore la plus féconde en leçons utiles, puisque c’est elle seule qui