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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/125

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Philosophiques.

pas retourner en ligne droite, comme elle étoit venue ? Ne pouvoit-elle pas se réfléchir dans une autre ligne en suivant une autre direction quelconque ? Ces suppositions n’ont rien d’absurde ni d’inconcevable : pourquoi donc adopterions-nous l’une préférablement aux autres, qui sont tout aussi conséquentes, & qui ne sont pas plus difficiles à concevoir ? Qu’on argumente à priori tant que l’on voudra ; on ne fera jamais en état de rendre raison d’une pareille préférence.

Pour récapituler en peu de mots, je dis que tout effet est un événement distinct séparé de la cause ; il ne peut donc être apperçu dans sa cause, & les idées qu’on s’en voudra former à priori feront arbitraires. Et lors même que cet effet sera connu, sa liaison avec la cause doit paraître également arbitraire, puisque l’entendement concevra toujours un grand nombre d’autres effets tout aussi naturels, & qui ne répugnent pas davantage. Il n’y a donc pas un seul cas où, sans l’aide de l’expérience, on puisse déterminer les événemens, & en inférer l’existence,