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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/132

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Essais.

les plus superficielles de ces objets ; Nos sens nous sont connoître la couleur, le poids, & la consistance de pain, mais ni les sens, ni la raison, ne sont capables de nous instruire des qualités qui le rendent une nourriture propre à la conservation de corps de l’homme. C’est par la vue ou par le toucher que nous acquérons l’idée de mouvement actuel ; mais nous ne saurions nous former l’idée même la plus éloignée de cette merveilleuse force qui est capable d’opérer un changement perpétuel de lieu, & que les corps ne perdent jamais qu’en la communiquant à d’autres corps. Cependant, nonobstant l’ignorance où nous sommes de ces premières forces[1]de la nature, nous ne laissons pas de les croire semblables par tout où nous remarquons de la ressemblance entre les qualités sensibles ; & nous nous attendons, dans ces cas-là, à des effets pareils à ceux que nous avons déjà expérimentés.

  1. Je me sers ici du mot de force dans un sens vague & populaire ; une explication plus exacte de ce mot rendroit mon raisonnement encore plus concluant. Voyez Essai VII. Note de l’Auteur