Aller au contenu

Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
Essais.

branches des connoissances humaines & de montrer en détail qu’aucune d’entr’elles ne nous fournit la preuve desirée.

On peut diviser tous les raisonnemens en deux gentres, en raisonnemens démontratifs, qui concernent les relations des idées, & en raisonnemens moraux ou probables, qui concernent les choses existantes & les faits. Il me paroît évident que la démonstration n’a point lieu dans le cas que nous considérons, puisqu’il ne répugne en aucune façon, ni que le cours de la nature soit changé, ni que les objets semblables en apparence à ceux sur lequels nous avons fait des expériences, produisent des effets différerens, & mêmes, contraires. Ne me fais-je pas une idée claire & distincte d’un corps, tombant des nues, & semblable à la neige à tout autre égard, qui auroit le goût de sel, qui affecteroit le toucher comme la flamme ? Y a-t-il au monde une propositipn plus intelligible que de dire que les arbres fleurissent en décembre & en janvier, & sont dépouillés dans les mois de mai & de juin. Or les choses