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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/149

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Philosophiques.

de l’esprit, à sa téméraire arrogance, à la sublime frivolité de ses prétentions, & à sa crédulité superstitieuse. Elle mortifie toutes les passions, laissent subsister le seul amour de la vérité, qui n’est jamais, ni ne peut être, porté trop loin. N’est-il donc pas surprenant qu’une philosophie, aussi innocente & aussi peu nuisible, soit l’objet éternel de tant de médisances & de tant de reproches mal-fondés ? Mais peut-être sont-ce ces caracteres même qui l’exposent à la haine & au ressentiment public. Ne flattant aucune passion désordonnée, elle ne se fait que peu de partisans, tandis que de cette foule de vices & de folies qu’elle combat, elle se fait autant d’ennemis, toujours prêts à la flétrir, & à la décrier comme libertine, profane & irréligieuse.

On ne doit point appréhender qu’une philosophie, toute occupée à restraindre nos recherches à la vie commune, puisse jamais miner les fondemens de la société, ni que les doutes qu’elle propose puissent entraîner la pratique dans la ruine de la spéculation. La nature maintient ses droits, & triomphe,