Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
148
Essais.

utiles, en nous montrant, dans la ressemblance des différentes séries d’événemens,

    d’une situation, particulière ; comme étant le résultat de cette situation. L’histoire d’un Tibère ou d’un Néron, nous fait craindre que nos Monarques n’imitassent leur tyrannie, s’ils pouvoient forcer la barrière que leur opposent les Loix & le Parlement; mais, chaque acte de fraude & de cruauté, que nous observons dans la vie privée, peut nous donner les mêmes allarmes, pour peu que nous y réfléchissions : ce sera toujours un exemple de plus de la corruption générale de notre nature ; exemple propre à nous montrer le danger qu’on court en se reposant sur les hommes avec une entiere confiance. Dans l’un & dans l’autre cas, l’expérience est la base qui soutient notre conclusion.
    Il n’y a point de jeune-homme si neuf qui ne se soit formé, d’après, ses propres observations des maximes bonnes & justes, concernant les affaires humaines, & la maniere, dont il faut se conduire dans monde. Mais, s’il vient à vouloir, les réduire en pratique, il faut convenir qu’il sera fort sujet à donner à gauche, jusqu’à ce que le tems & une expérience plus mûre aient étendu ces maximes, & lui aient enseigné à s’en servir à propos. Il n’y a point de situation, point d’incident qui ne renferme mille petites circonstanccs, minuties en apparence, qui peuvent échapper d’abord aux yeux les plus clairvoyants ; & dont cependant la justesse de nos conclusions & la prudence de notre conduite, qui en est une suite, dépendent entiérement. Pour ne pas dire que ces maximes & ces observations générales ne le présentent pas toujours à point nommé,