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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/222

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Essais.

roles, & une plus grande variété d’aspects, ne servissent qu’à le rendre encore plus obscur plus embrouillé[1]. Les spéculations abstraites ont leur point de vue ; & quand on le saisit heureusement, il jette plus de clarté sur les sujets, que ne seroit toute l’éloquence du

  1. Peut-être que M. Hume fait ses excuses un peu trop tard. Il a employé bien des paroles, & ramené sur le tapis bien des comparaisons, pour exprimer ce qui pouvoir être dit en assez peu de mots ; c’est que nous ne voyons point le fonds des choses, les actions intimes, le mécanisme secret, qui lie les causes avec leurs effets. Mais, d’un côté, cette ignorance ne porte aucune atteinte à la certitude des effets que nous attendons de certaines causes ; toutes les fois que je mettrai de l’eau sur une quantité de feu suffisante, je fais qu’elle bouillira, & ainsi de reste : &, de l’autre, je ne puis douter qu’il n’y ait une action réciproque des corps les uns sur les autres, dès que je remarque qu’à une certaine distance cette action cesse. Si l’eau est à deux pieds du feu, elle ne bouillira jamais. Cela seul me paroît établir la liaison nécessaire de tout ce qui arrive dans la nature. Il n’est pas essentiel qu’elle soit toujours intelligible & expliquable pour être en droit d’assurer sa réalité. Mais, notre Philosophe aime les subtilités, parce qu’elles conduisent au pyrrhonisme, qui est son dogme favori. Note de l’Éditeur.