Aller au contenu

Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/341

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
65
Philosophiques.

Vous ne me paroissez, repris-je, tenir aucun compte de la politique : vous ne croyez donc pas qu’un sage magistrat puisse justement concevoir de l’ombrage de certaines opinions philosophiques, comme sont celles d’Épicure, qui, niant l’existence de Dieu, & ce qui en est une suite nécessaire, la providence & un état à venir, relâche visiblement les nœuds de la morale & peut être regardé, par conséquent, comme un homme pernicieux au repos de la société civile.

C’est que je fais, répliqua-t-il, qu’en effet ces sortes de persécutions ne naquirent jamais, ni d’un sens rassis, ni d’aucune expérience des suites pernicieuses de la philosophie ; elles furent le fruit des passions & des pré-

    ensemble à leur gré. Mais, c’est précisément le caractere de la vraie religion de ne pouvoir admettre les écarts d’une philosophie faussement ainsi nommée ; & le devoir naturel de sa propre conservation l’oblige à réprimer cette philosophie, toutes les fois qu’elle travaille à détruire la religion. Or, voilà ce que les Hume & leurs semblables ne sauroient digérer ; voilà ce qu’ils appellent bigoterie & persécution. Sont-ils fondés à tenir ce langage ? Et que feroient-ils du genre humain, si on leur en abandonnait la conduite ? Cæci ducerens cæcos in forcam. Note de l’Éditeur.