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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/370

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Essais.

fert d’une pareille indulgence. Il n’y a point d’enthousiasme chez les philosophes[1] : leurs doctrines ne sont pas fort attrayantes pour le peuple : & on ne sauroit mettre de frein à leurs raisonnemens, qui n’entraîne des suites dangereuses pour les sciences, & pour l’état même, en frayant le chemin à la persécution & à l’oppression sur des points auxquels les hommes en général doivent prendre le plus grand intérêt.

Au reste, poursuivis-je, il se présente une difficulté touchant le sujet même que vous avez traité ; mais, je la proposerai sans la presser, de peur qu’elle ne m’engage dans des raisonnemens d’une nature trop subtile & trop délicate. Pour l’exprimer en un mot, je doute fort qu’il soit possible, comme vous l’avez supposé dans tout votre discours, de connoître une cause uniquement par son effet ; ou, pour dire la chose autrement, qu’il

  1. Il y en a souvent mille fois plus que chez ceux dont la dévotion approche du fanatisme. Et au défaut de l’enthousiasme, l’orgueil & d’autres passions font le même effet. Note de l’Éditeur.