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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/374

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Essais.

monde pour le nétoyer de dragons & de géans, n’eurent jamais le moindre doute sur l’existence de ces monstres.

Un autre adversaire de la religion, qui s’attire naturellement la haine de tous les philosophes qui se piquent d’une certaine gravité, c’est le sceptique ; quoiqu’assurément personne n’ait jamais rencontré un personnage aussi absurde, ni conversé avec un homme qui n’eût, ni opinion, ni principe sur aucune matiere, soit de pratique, soit de spéculation[1]. Cela fait naître une question fort naturelle : qu’est-ce qu’on entend par sceptique ? Et jusqu’où, est-il possible de pousser le doute & l’incertitude philosophique ?

Il y a une espece de scepticisme antérieur à l’étude & à la philosophie, qui a été fort re-

  1. Ne dirait-on pas que sous les extravagances du pyrrhonisme ancien soient effacées des monumens qui les attestent, & de la mémoire d’un homme ? Il n’est pas même nécessaire de remonter si haut. Nous avons vu des modernes nier jusqu’à la différence morale des actions. Peut-on en avancer qu’ils eussent encore quelque principe ? Note de l’Éditeur.