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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/415

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Philosophes.

principe d’une harmonie divine. L’imagination seule, en prenant un heureux essor, découvre ces idées sublimes ou touchantes, qui doivent servir de matériaux aux vers dignes de l’immortalité ; elles les présente à l’art, qui les dispose conformément aux regles, qui, en les ornant & en les épurant, leur donne un nouvel éclat. Otez l’imagination, les plus grands efforts n’enfanteront que des chants pitoyables.

De tout tems, l’art, rival de la nature, s’est épuisé en tentatives vaines & stériles ; mais la plus stérile de toutes celles où il a échoué, est, sans contredit, l’entreprise des philosophes les plus graves, qui ont prétendu trouver le merveilleux secret de produire un bonheur artificiel, un plaisir raisonné, & réfléchi. Je m’étonne qu’aucun d’entr’eux ne se soit mis sur les rangs pour obtenir la récompense que Xercès avoit autrefois promise à celui qui inventeroit un nouveau plaisir ? Seroit-ce qu’ils en eussent tant trouvé pour eux-mêmes, que les offres & les dons du plus grand monarque pussent être l’objet de leur indifférence ? Ou plutôt