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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/417

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Philosophes.

Dans quelle vue en effet prétendrois-je la régler, en décrasser les ressorts, rectifier ou fortifier ces principes que la nature a mis en moi ? Ce travail seroit-il la voie du bonheur ? Mais le bonheur consiste dans le repos & dans le plaisir, c’est un état d’aisance & de contentement : le bonheur fuit les veilles ; il abhorre les soins & les fatigues. Tout ce qui entre dans sa composition, porte la même empreinte, le même caractere. La santé de corps n’est autre chose que la facilité avec laquelle il exerce toutes les fonctions de son mécanisme ; ce mécanisme m’est inconnu, & je ne saurois y influer. L’estomac digère les alimens ; le cœur donne la circulation au sang ; le cerveau opere la sécrétion des esprits ; il les filtre & les épure : tout cela sans mon entremise, & même à mon insu. Lorsque, par un simple acte de volition, j’aurai le pouvoir d’arrêter la course impétueuse du sang qui se précipite dans ses canaux, alors, mais alors seulement, j’espérerai d’avoir quelque empire sur mes sentimens, de pouvoir déterminer, à mon gré, le cours de