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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/429

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Philosophes.

tenir, & même souhaiter votre absence, parce qu’il est le seul qui puisse m’en dédommager. Je m’enfonce dans ce bois épais, dont les ombres redoublent celles de la nuit ; mais à peine y ai je fait quelques pas, qu’il me semble entrevoir, malgré l’obscurité, l’adorable Célie, la maîtresse de mon cœur, la souveraine de mes affections. Elle a devancé l’heure du rendez-vous, son impatience accuse ma lenteur ; elle marche avec agitation dans ces bosquets. Mais déjà je lis mon pardon dans ses yeux ; mon arrivée la comble d’une joie si vive, que toutes les pensées chagrines s’évanouissent, le plaisir les absorbe, tout est confondu dans l’ivresse de nos transports. Où trouverai-je, ma Célie, ma divine Célie, des expressions assez fortes pour te peindre toute ma tendresse, pour t’exprimer ce désordre, ces mouvemens impétueux, que la présence produit dans un cœur qui brûle pour toi ? Le langage ordinaire est trop foible ; il n’y a que l’union de nos sentimens, la conformité de notre ardeur, qui puisse te donner l’idée