Aller au contenu

Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/431

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
155
Philosophes.

-les dans mon sein. Vous me demandez d’une voix entre-coupée ; combien durera mon amour ? Vous répétez mille fois cette demande. Hélas ! cher enfant, puis-je répondre à cette question ? Le terme de ma vie m’est-il connu ; & sais-je combien elle doit durer ? Nouveau sujet d’allarme pour votre tendresse. Cette incertitude vous accable. Mais pourquoi l’idée de la fragilité humaine, toujours présente à votre esprit, troubleroit-elle vos heures les plus délicieuses ? Pourquoi ce funeste poison corromproit-il les plaisirs dans leur propre source, dans ce centre de la vie & de la volupté, qui n’est accessible qu’à l’amour ? Non, nen, trop tendre amante ; songez plutôt que si la vie s’enfuit, si la jeunesse n’est qu’une fleur aussi-tôt flétrie, il faut d’autant plus saisir l’instant où nous la possédons, en faire un bon usage, & ne perdre aucune parcelle d’une existence aussi fugitive. Encore quelques momens, tout est fini. Dans peu nous serons comme si nous n’avions jamais été. Notre mémoire sera effacée de dessus la terre, & nous ne trouverons pas