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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/435

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Philosophes.

voir subsister par ses propres soins. Il achete tous ses biens par le travail & la peine. Si la nature lui fournit des matériaux, ce n’est qu’en brut ; c’est à lui à les polir, & à les approprier à ses usages.

Reconnoissez, ô hommes ! la bonté de votre commune mere. Elle vous expose à une infinité de besoins ; mais elle vous donne une raison qui peut y pourvoir. Que jamais une molle oisiveté, sous le faux titre de reconnoissance, ne s’empare de vos âmes, c’est ne point mériter les présens de la nature que de ne les point employer. Vous ne desirez pour toute nourriture, que les herbes des champs : vous vous contentez de coucher en plein air : vous ne demandez que des pierres & des branches d’arbres, pour vous défendre contre les habitans des forêts ! Eh bien ! Reprenez donc aussi vos mœurs sauvages, rentrez dans vos frayeurs superstitieuses, & dans votre brutale ignorance : soyez moindres que ces bêtes, à qui vous portez envie, & à qui vous souhaitez si fort de ressembler.

Mais non : promenez plutôt votre vue sur ce globe ; la nature l’a rempli de choses