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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/440

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Les quatre.

nible, pourvu qu’elle vous conduise à la fin desirée. Que dis-je ? Ce travail même ne fait-il pas partie du bonheur auquel vous aspirez ? Le dégoût suit de près les jouissances trop faciles. Le chasseur, endurci à la fatigue, s’arrache d’entre les bras du sommeil : l’aurore n’a pas encore doré les cieux, qu’il parcourt déjà les forêts : les mets qu’il trouve dans l’enceinte de sa demeure, quelque délicieux qu’ils puissent être, ne contentent point son appétit : il dédaigne la chair des animaux qui dans les plaines voisines semblent se prêter à ses coups ; il cherche au loin une proie difficile à saisir : il lui faut du gibier qui sache se cacher à sa vue, se dérober à sa poursuite, ou se défendre contre ses attaques. Ce n’est qu’après avoir exercé les forces de son corps, & les passions de son ame, qu’il goûte les douceurs du repos : ce plaisir ne devient piquant pour lui que lorsqu’il peut le comparer avec la peine qu’il lui a coûté.

Si l’industrie peut rendre agréable un exercice aussi violent que celui de la chasse, si l’on peut se plaire à suivre une vile proie, qui trompe souvent notre vigilance, ou