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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/467

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Philosophes.

il nous demande, avec un grand sérieux, si nous avons vu un ange ou une divinité : nous répondons que nous n’avons pas eu ce bonheur-là. Ah ! dit-il, il est donc impossible de vous figurer cette céleste beauté : jamais on ne vit une taille si parfaite, des traits si bien proportionnés, un air si enchanteur, une humeur si douce & si ravissante. Tout ce que nous conclurons de-là, c’est que le pauvre homme en tient, ou, pour parler plus philosophiquement, que cet instinct qui subsiste entre les deux sexes, instinct commun à tous les animaux, a été déterminé en lui vers un objet particulier, par des qualités qui lui ont laissé d’agréables impressions. Cette même déesse paroîtra, je ne dis pas à un animal d’une autre nature, mais à vous & à moi, un être très-peu divin, & même un être très-indifférent[1].

  1. Ce mélange de style philosophique avec le style fleuri ne plaira point à des lecteurs qui se piquent d’une certaine délicatesse. On pourroit l’excuser par un grand exemple, par celui de Platon ; mais le bon goût exige l’unité du langage comme celle du sujet ; ces différens tons tranchent trop,