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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/476

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Les quatre.

que notre ame y attache : plus nous désirons avec ardeur : plus nous sommes heureux en satisfaisant nos désirs. Douterez-vous que cette petite fille, habillée d’une robe neuve, & parée pour un bal d’école, ne goûte une satisfaction aussi complette que ce fameux orateur, dont l’éloquence triomphante gouverne les esprits, commande aux passions, & détermine, à son gré, les résolutions d’une nombreuse assemblée ?

Ainsi toute la différence qu’il y a entre la vie d’un homme, & celle d’un autre homme, ne peut résulter que de deux choses, du desir, & de la jouissance ; mais aussi y a-t-il là suffisamment de quoi produire les deux extrémités les plus opposées, je veux dire, le bonheur & le malheur.

Pour être heureux, il faut que le desir ne soit ni trop fort, ni trop foible. S’il est trop fort, l’esprit est toujours hors de lui-même, & en proie à un continuel désordre. Dans le cas contraire, il tombe dans l’indolence & dans la léthargie.

Pour être heureux, il faut avoir les inclinations bienfaisantes & sociables, eloignées