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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/498

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Les quatre.

rence. C’est par un semblable principe que, dans le tems de guerre, le soldat porte la prodigalité & le libertinage aux plus grands excès. Le plaisir présent est toujours d’un grand prix ; ce qui diminue la valeur de toute autre chose, ne fait qu’augmenter la sienne.

La seconde réflexion dont je voulois parler, est prise de la comparaison de notre état avec l’état d’autrui : il ne se passe point de jour que nous ne la fassions ; mais nous la faisons mal : nous aimons mieux nous comparer avec nos supérieurs qu’avec ceux qui sont au-dessous de nous. C’est au philosophe à se garantir de cette foiblesse : en tournant ses regards en bas plutôt qu’en haut, il se trouvera à son aise dans la condition où la fortune l’a placé. Il y a peu de personnes à qui cette source de consolation ne soit ouverte. Avouons pourtant que c’est un triste remede, pour des cœurs sensibles, que le spectacle des miseres humaines ; spectacle bien plus propre à nourrir nos douleurs qu’à les soulager, & qui semble moins fait pour étouffer nos plaintes que pour les renouveller, en nous